A l’issue de débats jamais finis pour comparer les politiques publiques, Gilles résume à sa manière, le débat très techno qui oppose taxes et quotas.
La meilleure façon de le résumer me semble philosophique. C’est la différence qu’il y a entre les termes « limiter » et « respecter une limite ». Si on ne considère pas la limite comme infranchissable, finalement on repousse toujours plus loin les limites. Ce qui ne se peut bien sûr : si la limite a un caractère physique, on sera toujours rattrapé par la réalité. Pour qu’une action de limitation ait une chance de respecter une limite il est nécessaire que l’intensité de l’action augmente avec la proximité de la limite (logique de rétroaction). Cette logique, revient à faire d’une limite particulière (il en existe plusieurs) un critère prépondérant dans une analyse multicritère. Obtenir un consensus sur ce qui est prioritaire me semble impossible. Une autre logique est possible. Elle n’est pas seulement multicritère, elle est multi-compteur. Un compteur est un appareil qui fait le total. Si tous les compteurs sont bornés (on ne peut dépasser les bornes), il n’est pas question de respecter une borne tout en dépassant une autre. On a beaucoup de choix pour trouver comment faire marcher la machine mais on n’en a aucun pour éviter que la machine soit bridée lorsque une borne est atteinte. Cette logique de multi-compteur bornés permet de ne pas opposer les critères et de les mettre tous sur un pied d’égalité en tant que limite. (tous les critères ne sont pas pour autant des limites et toutes les limites ne sont pas comptables simplement). Il instruit l’obligation de respect de la limite dés le début de la « transition » (si tant est que ce mot ait un sens commun) et non seulement lorsque on est au bord du précipice. Il suffit pour cela de définir par période, des bornes intermédiaires.
Volontairement je ne fais pas le lien entre le débat philosophique et le débat technique, pour laisser libre cours à votre reflexion personnelle, mais il est assez facile à faire à la lecture de nos travaux.