Cette page recense quelques éléments de réponse à des objections au sujet de nos différentes propositions.
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Pourquoi un affichage chiffré ?
L’affichage chiffré du contenu carbone est très différent d’un affichage qualitatif (A, B, C comme le Nutriscore). En effet, si on achète 5 T-shirts notés ‘A’ parce qu’on aime avoir une garde robe bien fournie, on pollue bien plus que si on achetait un seul T-shirt même si ce dernier est noté C ou D.
Comme beaucoup de choses, tout est affaire de dosage, et les affichages qualitatifs avec des lettres ou des couleurs ne permettent pas de représenter le fait que souvent, on pollue à cause de la quantité que l’on achète.
Pourquoi se concentrer sur les émissions de GES ?
La biodiversité, l’eau, l’état des sols, tout est souvent lié, alors pourquoi se concentrer sur le carbone. Pour trois raisons:
- c’est un indicateur qui est doté de nombreuses méthodologies de calcul ou d’estimation. il est donc normal de commencer par ce qui est déjà défriché. Et essayer de tout faire de front alors que les études sont à un niveau assez inégale selon l’indicateur que l’on regarde, c’est prendre un risque certain sur la réalisation pratique.
- Les émissions de GES sont assez corrélées à la consommation d’énergie. Limiter les émissions de GES, c’est limiter la consommation d’énergie: moins de transports, moins de matériaux produits.. à la fin, c’est moins d’impact sur toutes les autres limites planétaires
- Enfin, un indicateur unique est objectif et simple. Alors que si on mélange plusieurs indicateurs, comme il parait peu réaliste d’imaginer afficher 10 chiffres sur chaque étiquette, il faut synthétiser tous ces indicateurs en un seul chiffre. on doit alors trouver une règle de pondération, qui peut ne pas être simple à définir: 1 kg CO2eq équivaut à combien de litres d’eau consommée ?
Comment y parvenir ?
Pour y parvenir, il y a deux grandes méthodes qui sont complémentaires:
- à court terme, il faut utiliser les bases de données de l’ADEME, qui permettent déjà d’associer un contenu carbone à une majorité de produits
- à moyen terme, pour simplifier, il faut intégrer le carbone dans la comptabilité des entreprises, comme le propose lanote sur la comptabilité carbone que vous pouvez retrouver dans Nos réalisations
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Pourquoi ne pas utiliser les simulateurs d’empreinte ?
Les simulateurs d’empreinte carbone, comme Nos Gestes Climat, permettent de connaître les ordres de grandeur de nos consommations par catégorie ou sous-catégorie de produits/services.
Cependant l’empreinte carbone calculée par le simulateur repose la plupart du temps sur les réponses de l’individu à des questions sur son mode de vie et ses comportements de consommation et non sur des données réelles (quantités d’essence ou de gas-oil, de fioul ou de gaz naturel consommés, Kwh consommés, poids carbone précis de l’article consommé).
En conséquence :
- Les réponses peuvent ne pas être très fidèles à la réalité, quelle que soit la bonne volonté du répondant
- Les calculs du simulateur prennent souvent en compte des moyennes à partir d’hypothèses notamment sur le cycle de vie des produits et équipements, par exemple une empreinte carbone moyenne par km parcouru par catégorie de véhicule utilisé, pour les transports, sans tenir compte de l’âge ni du renouvellement du véhicule.
MaConsoCarbone est basée sur les consommations, achats et investissements réels apparaissant sur vos relevés bancaires, non sur de simples déclarations. La précision de l’empreinte calculée ne dépend en conséquence que de la précision du poids carbone figurant sur les factures des fournisseurs de produits et services ou estimés par un tiers de confiance (par exemple l’ADEME)
Comment le poids carbone de mes consommations est-il calculé si les entreprises et administrations ne le donnent pas ?
Le poids carbone de nos consommations énergétiques directes (carburants de transport, combustibles de chauffage, électricité) peut déjà être calculé précisément à partir des unités consommées mesurées par le distributeur (litres, m3, kg ou Kwh)
Le poids carbone d’un petit nombre d’articles est déjà calculé ou estimé par certains fournisseurs à partir de leur bilan carbone mais ce n’est pas encore une pratique répandue
En conséquence, le poids carbone de la majorité des produits et services « non énergétiques » fournis aux particuliers est estimé selon une des 2 manières suivantes :
Grâce à une analyse du cycle de vie du produit acheté qui additionne toutes les émissions de carbone dont la fabrication et la distribution du produit sont responsables (par exemple pour l’achat d’une voiture neuve les émissions dont la production des matières premières utilisées pour sa fabrication, acier, plastique ou autre, la fabrication des pièces et l’assemblage ainsi que la distribution et vente sont responsables)
Par l’utilisation d’un facteur d’émission monétaire, c’est-à-dire du poids carbone (en kg de CO2 équivalent émis) par euro dépensé selon la catégorie ou sous-catégorie de produits ce qui ne permet souvent pas de différencier des articles équivalents produits avec des procédés moins carbonés
Quel est l’intérêt de connaître son empreinte carbone « réelle » quand les poids carbone ne sont pas connus avec précision ?
Pour la catégorie de produits dont le poids carbone n’est généralement pas (encore) connu avec précision (en gros les consommations « non énergétiques » des particuliers), disposer de leur empreinte carbone « réelle » (mais approximative) ne permet effectivement pas de distinguer entre 2 produits d’usage équivalent sur le seul critère du carbone (par exemple entre un jean produit à bas coût et dans de mauvaises conditions sociales et environnementales dans un pays « émergent » ou du « Sud » et un jean produit en France dans des conditions optimales).
Cependant le fait de disposer de l’empreinte carbone, même approximative, des produits que vous avez effectivement achetés, vous permettra de visualiser le cumul de vos achats réels par catégorie avec le bon ordre de grandeur et de le comparer aux valeurs moyennes des français et aux valeurs cibles pour respecter collectivement nos engagements climatiques.
Les citoyens vont-ils réduire leur empreinte carbone s’ils n’ont pas de contrainte ni d’obligation ?
La simple connaissance de notre empreinte réelle n’entraînera pas automatiquement sa réduction mais nous serons incités à la réduire à la fois individuellement et collectivement :
- Individuellement grâce à la modification progressive de nos comportement de consommation quand elle n’affecte pas notre bien-être (par exemple en prenant moins l’avion pour nos loisirs) ou quand elle a des co-bénéfices, notamment sur notre qualité de vie ou sur notre santé (par exemple en mangeant moins de viande ou de produits ultra-transformés ou en bénéficiant d’un air moins pollué en réduisant l’usage des moteurs thermiques et combustibles fossiles)
- Collectivement, en agissant sur les entreprises, en privilégiant les produits moins carbonés d’usage équivalent, sur les administrations pour qu’elles proposent des services moins carbonés et sur les pouvoirs publics (Etat et collectivités) en les incitant à mettre en place des infrastructures permettant de remplacer les énergies fossiles par des énergies décarbonées (par exemple de nouvelle lignes de chemin de fer) et des politiques publiques favorisant l’électrification des usages et la sobriété énergétique et d’usage des ressources.
Pourquoi ne pas attendre que les entreprises soient obligées de calculer le poids carbone exact de leurs produits avant de mettre en place MaConsoCarbone ?
Il faudra plusieurs années pour mettre en place une comptabilité carbone généralisée à toutes les entreprises et nous n’avons (vraiment !) plus le temps d’attendre pour réduire collectivement notre empreinte carbone
- C’est justement grâce à la pression des citoyens, électeurs et consommateurs, qui voudront réduire leur empreinte carbone sans attendre, que les entreprises seront incitées à mettre en place une comptabilité carbone et les pouvoirs publics à la rendre obligatoire.
- Nous avons déjà les moyens de connaître précisément nos consommations énergétiques directes (carburants de transports, combustibles de chauffage, électricité) et d’étudier les actions pour les réduire (par exemple en renforçant l’isolation de notre logement ou en utilisant une voiture moins lourde) et/ou remplacer les énergies fossiles utilisées par des énergies décarbonées (en remplaçant par exemple notre voiture thermique en bout de course par une voiture électrique).
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S’agit-il de “rationnement”?
Le concept d’Allocation Climat consiste à répartir équitablement un budget carbone à ne pas dépasser entre tous les citoyens. Contrairement au rationnement, l’Allocation Climat laisse la liberté à chacun de choisir où “dépenser” son carbone. Exactement de la même manière que pour un compte en banque, avec une quantité finie d’euros, on achète ce que l’on souhaite. Chacun sera donc libre de faire ses choix, dans la limite de sa dotation. C’est donc un moyen d’atteindre nos objectifs climatiques, condition nécessaire à une vie de qualité, tout en préservant un maximum de liberté.
Le système est-il vraiment ‘juste’?
Collectivement, il est de notre devoir de limiter nos émissions de GES.
Les mécanismes imaginés jusqu’à présent par les pays européens jouent sur les prix des biens à la consommation (taxe carbone) ou des quotas carbone alloués par secteur industriel et par entreprise sur lesquels le consommateur final n’a ni prise ni visibilité. Résultat : pour un ménage aisé, une hausse de prix (en lien avec l’impact carbone) est relativement indolore, tandis que pour les ménages précaires, c’est beaucoup plus sensible. A travers l’Allocation Climat, l’effort collectif de réduction des émissions est réparti équitablement, par-delà le prix du marché des biens et services.
A lui seul, le mécanisme ne résout pas intégralement tous les problèmes de justice sociale et climatique mais il s’inscrit dans une dynamique réelle de prise en considération de ce point crucial qu’est la juste répartition individuelle de l’effort collectif à fournir. Proportionnellement à leur revenu, les ménages précaires ont plus de ‘’consommations contraintes’’ et moins de marges de manœuvre. L’Allocation Climat a pour ambition de rendre lisible, et donc acceptable, la trajectoire de réduction collective de nos émissions. En jouant sur certains paramètres du dispositif, des ajustements simples à mettre en œuvre pourront être faits assez aisément pour trouver le juste équilibre, notamment en termes de justice sociale. Contrairement à des taxes qui ont tendance à pénaliser les personnes à faibles revenus, ou à des politiques fiscales dont les ménages non-imposables sont rarement bénéficiaires (pour ne pas dire jamais), l’Allocation Climat est un outil au service de l’intérêt général qui rassemble la population autour d’un grand objectif commun : la réduction des émissions de GES.
Quelle est la différence avec les quotas carbone européens?
Le SEQE, pour « système européen d’échange de quotas d’émission », a été mis en place progressivement à partir de 2005 en Europe. Il s’applique à 11 500 installations industrielles, représentant 45 % des émissions de GES de l’UE et couvre les secteurs suivants: les producteurs d’énergies et les industries les plus consommatrices d’énergie comme la sidérurgie et les producteurs d’aluminium, de verre ou de ciment.
Pour respecter ses quotas une installation peut soit ramener ses émissions au niveau de son plafond (en dé-carbonant ses procédés ou réduisant les volumes produits) soit acheter des quotas à une autre installation qui serait parvenue à réduire ses émissions en dessous de son plafond annuel.
En raison d’un certain nombre de facteurs, dont l’allocation de quotas gratuits à la plupart des secteurs soumis à une forte concurrence internationale (sidérurgie par exemple), le SEQE n’a pas permis de réduire significativement les émissions de la plupart des secteurs industriels couverts par le dispositif, hormis le secteur des producteurs d’énergie.
Les différences principales entre le SEQE et l’Allocation Climat sont les suivantes : le SEQE ne couvre que 45% des émissions de GES et ne concerne pas, notamment, trois secteurs très émetteurs, les transports, les bâtiments et l’agriculture/alimentation. L’Allocation Climat, quant à elle, concerne l’ensemble des secteurs, puisque basée sur la consommation ou l’usage final par les individus et ménages. Le SEQE ne prend en compte que la production à l’intérieur de l’Europe et pas les produits importés, alors que l’Allocation Climat tient compte également de la consommation de ces derniers. Enfin le SEQE est un quota “amont” c’est-à-dire imposé aux entreprises émettrices et non un quota “aval”, comme l’Allocation Climat qui lui est un système de quotas alloués aux ménages. Ce dernier système présente l’avantage d’une plus grande transparence et lisibilité pour les citoyens, et est également plus juste (voir questions précédente).
Comment préserver le droit à la vie privée si toutes les émissions sont tracées?
Le carbone n’est en fait qu’une sorte de « devise additionnelle », une seconde mesure de la valeur d’un bien ou d’un service : tout aura un coût en euros et en carbone. Les questions de vie privée sont analogues à celles qui se posent déjà pour le paiement électronique, et les données d’un compte climat devront être protégées de façon similaire à celles d’un compte en banque.
Il y a bien sûr un traçage des émissions, mais il a lieu en amont de l’achat : quel est le contenu carbone de chaque bien ou service, compte tenu de sa chaîne de production et de transport ? Le consommateur se contente, lui, de dépenser le contenu de son compte climat. Comme un compte en banque !
Comment sont calculés les “coûts carbone” des consommations?
La valeur carbone d’un produit ou service est calculée en équivalent CO2 (tonne ou kg). Comment est calculée cette valeur ? En tenant compte de toutes les étapes de la production jusqu’à la commercialisation du produit ou du service et donc de :
- L’extraction et la transformation des matières premières ayant servi à la fabrication des intermédiaires et du produit fini ;
- La fabrication du produit ;
- Son emballage et sa distribution ;
La mise en place d’un « étiquetage carbone » systématique implique de recourir à une méthode décentralisée et dynamique. Pour ce faire, un système analogue à la TVA autoliquidée peut être mis en place pour transférer l’information carbone le long de la chaîne de valeur. Chaque entreprise communique à ses clients le poids carbone des marchandises vendues, avec pour obligation d’équilibrer ses recettes et ses charges « carbone »au niveau comptable.
Pour les biens consommables ayant pour caractéristiques intrinsèques de générer des gaz à effet de serre lors de leur consommation (un litre d’essence, ou une bouteille de gaz par exemple), ces émissions sont également incluses dans le coût carbone lors de leur achat. Le coût carbone d’une voiture n’inclura donc pas les émissions liées à son utilisation puisque ces dernières seront couvertes lors de l’achat du carburant.
Concernant la fin de vie, que cela soit recyclage ou incinération, ces étapes sont assurées par des entreprises ou organisations, qui tiendront également leur propre comptabilité carbone comme les autres. Le coût carbone de la fin de vie d’un bien sera acquitté par son dernier propriétaire lors de sa mise au rebut, et son montant sera défini par la comptabilité carbone de l’entreprise de traitement.
A quelle échelle un tel dispositif doit-il être mis en place ?
Le CO2 ne connaît pas les frontières. Seule compte la quantité qui s’accumule pour des millénaires dans l’atmosphère terrestre, il s’agit bien là d’un des enjeux majeurs, le CO2 émis en un point local a une répercussion globale sur le climat à l’échelle planétaire. A problème systémique, solution systémique. Dans l’idéal et à terme, l’échelle appropriée pour un tel dispositif serait donc logiquement l’échelle mondiale.
Néanmoins, ce dispositif reste pertinent même à plus petite échelle (européenne ou étatique par exemple). En effet, le dispositif est orienté vers les résultats, et toute émission de GES évitée est un signal positif qu’il ne faut en aucun cas décourager. Même à une maille encore plus étroite, comme celle d’une région ou d’une ville, le dispositif n’est pas dénué d’intérêt, au contraire ! Cela permettrait de le tester, de l’éprouver et de communiquer à son sujet. En outre, si l’on raisonne cette fois-ci au niveau national, c’est une occasion qui semble belle à saisir pour la France, c’est l’opportunité pour notre pays d’être en première ligne sur la question climatique et de faire figure d’exemple à suivre sur la scène internationale.
N’est-ce pas une usine à gaz ?
Évaluer la valeur ajoutée d’un bien sur l’ensemble de la chaîne de production peut sembler très complexe. Et pourtant la mise en œuvre de la TVA a bien pu avoir lieu dans les années 50 en France, une époque à laquelle l’ensemble des services institutionnels et administratifs étaient à des années-lumière de la nôtre en termes de gestion de base de données et de niveau de développement informatique. Il est donc permis d’être résolument optimiste, à l’heure de nos sociétés connectées, en ce qui concerne la possibilité de mesurer (même très précisément) le détail de nos consommations et d’émissions de GES en équivalent CO2. Désormais, les entreprises disposent toutes d’une comptabilité complète : en intégrant dans cette comptabilité les émissions de GES à chaque ligne, il devient tout à fait réaliste de tracer les émissions des biens et des services.
Et si un ménage/individu n’a plus de quotas carbone ?
La gestion d’un compte climat est similaire à celle d’un compte en banque. De même qu’un individu ou un ménage peut se retrouver à court d’euros à force de consommations dispendieuses ou d’une gestion de budget hasardeuse, il n’est pas exclu qu’un individu ou un ménage se retrouve à court de carbone.
En déterminant à l’avance une quantité de carbone allouée à chaque citoyen garantissant un niveau de vie relativement décent, la méthode de distribution prévue permettra d’éviter que ce genre de situations se produisent trop fréquemment. Les versements mensualisés d’allocations carbone permettront une gestion fluide et sécurisante, et empêcheront les éventuelles périodes contraintes de se prolonger.
Enfin, toutes les situations peuvent être prises en compte, dans leur variété, afin que chaque cas particulier fasse l’objet d’un accompagnement adapté.